Forêt Irrégulière École (FIE) s’intéresse aux enjeux d’actualités et développe des projets de recherche, comme l’étude sur le renouvellement forestier, afin d’aider gestionnaires, propriétaires ou chercheurs dans la découverte de solutions applicables en contexte de Sylviculture Mélangée à Couvert Continu (SMCC) ou futaie irrégulière.
Études sur le renouvellement sur plateaux calcaires, dans des forêts en Sylviculture Mélangée à Couvert Continu (SMCC) ou futaie irrégulière
Dans les forêts gérées avec un couvert continu, le renouvellement se fait de manière disséminée dans la forêt. Des zones sont mises en lumière suite à la récolte ou au dépérissement de gros bois, ce qui permet à la régénération naturelle présente dans la forêt de se développer.
Dans les forêts du Syndicat Intercommunal de Gestion Forestière de la Région d’Auberive (SIGFRA), la régénération est principalement composée de hêtre, qui est très dynamique. On trouve également du charme, de l’érable sycomore et du frêne. Miser sur ces essences pour constituer la future forêt semble assez risqué. En effet, on observe un fort dépérissement des hêtres adultes depuis quelques années. Le charme semble mal résister aux pics de chaleur, l’érable sycomore a des exigences hydriques voisines de celles du hêtre et le frêne dépérit massivement à cause de la maladie de la chalarose.
Cependant, les peuplements adultes sont très riches en diversité et jouent leur rôle de semenciers. Les essences considérées comme plus résistantes aux sécheresses (érable champêtre, alisiers, chêne sessile) sont donc présentes en régénération, mais on constate qu’elles ne dépassent que rarement 50 cm de hauteur.
La question qu’on se pose est :
Comment obtenir plus de renouvellement en essences feuillues diverses ?
Pour proposer au gestionnaire des solutions techniques à mettre en œuvre pour avoir un renouvellement plus adapté aux conditions climatiques à venir, nous avons besoin de mieux comprendre quelles sont les causes du manque de renouvellement en essences feuillues diverses.
Les facteurs identifiés pour expliquer le manque de régénération diversifiée sont les suivants :
La pression des cervidés
Le chevreuil se nourrit préférentiellement de feuillus divers (chênes, érables, alisiers, merisier,…), tandis qu’il est très peu attiré par le hêtre. Un trop fort abroutissement peut ralentir la croissance de la régénération diverse, ou même la faire disparaître.
Quelles solutions pour le gestionnaire ?
Le forestier peut limiter la pression de la faune sur la régénération naturelle (chasse, installation de protection)
Comment étudier ce paramètre ?
Comparer la dynamique de la régénération dans des enclos (exclusion du gibier) et en dehors nous permettra de mieux comprendre l’interaction entre gibier et jeunes arbres.
Les conditions lumineuses
Les conditions lumineuses et le niveau d’ouverture du couvert forestier jouent sur la vitalité et la vitesse de croissance de la régénération.
Quelles solutions pour le gestionnaire ?
Le forestier, lorsqu’il choisit les arbres à récolter (martelage), veille à maintenir le couvert forestier ouvert en prélevant du taillis, pour que la régénération naturelle reçoive suffisamment de lumière.
Comment étudier ce paramètre ?
Le comportement de la régénération naturelle sera étudiée dans différentes conditions d’éclairement, allant de la régénération sous couvert forestier à la régénération dans des trouées issues de récolte ou du dépérissement d’un ou de plusieurs arbres.
La concurrence exercée par les autres essences ligneuses
Sur les plateaux calcaires, le hêtre vient naturellement et en l’absence d’intervention humaine, prend la place des autres essences car il est très dynamique. Si l’on souhaite que d’autres essences se maintiennent, il est nécessaire d’intervenir en cassant ou en coupant le hêtre autour des semis des autres essences intéressantes.
Quelles solutions pour le gestionnaire ?
Le forestier peut œuvrer en faveur de la diversité de la régénération, en limitant le développement des hêtres, grâce aux travaux sylvicoles, pour éviter qu’ils dominent et prennent la place des semis des essences qu’il veut sélectionner.
Comment étudier ce paramètre ?
Nous testerons l’impact de différents niveaux de concurrence sur le maintien et la croissance de la régénération en feuillus divers.
Une première étude sur le renouvellement forestier a été installée en 2020. Elle comporte une vingtaine de plantations de petits collectifs et une vingtaine de trouées de régénération naturelle qui seront suivies dans le temps.
Une deuxième étude est en train d’être installée. L’objectif est de s’inscrire dans une démarche de recherche appliquée plus rigoureuse, notamment en contrôlant mieux les conditions environnementales des expérimentations. Cette seconde étude sur le renouvellement forestier vise à croiser l’étude de l’effet de l’abroutissement des cervidés, du niveau de couvert et de la concurrence ligneuse. En effet, ces facteurs peuvent avoir des effets cumulatifs, amplifiant ainsi les problèmes, ou au contraire s’opposer entre eux. Ce point mérite d’être étudié car il est à la fois original du point de vue de la recherche et important pour la gestion.
Dans un premier temps, des gestionnaires forestiers pratiquant la Sylviculture Mélangée à Couvert Continu dans le feuillu et ayant mis en œuvre des techniques de renouvellement ont été rencontrés. En collaboration avec des chercheurs, un protocole a été élaboré et est actuellement testé avec la prise des premières mesures. Plus de détails à venir.