Ce cycle de formation était proposé par le Centre National de la Propriété Forestière en partenariat avec la Forêt irrégulière école (FIE) dans le Parc national de forêts, qui s’est fait un plaisir de recevoir les participants sur le secteur d’Auberive en Haute-Marne !
En octobre 2022, a eu lieu le premier FOGEFOR organisé par les deux régions : Bourgogne-France-Comté et Grand-Est.
Ce FOGEFOR avait pour thème la gestion en futaie irrégulière, en s’appuyant sur l’exemple de la sylviculture mélangée à couvert continu des plateaux calcaires appliquée par des gestionnaires locaux (ONF, experts forestiers). Il était en partenariat avec la Forêt irrégulière école dans le Parc national de forêts.
Organisé en deux sessions de deux jours, le programme, dense et prévu pour des personnes ayant déjà suivi un cycle de base, a mobilisé une vingtaine d’apprenants, venus des quatre coins des deux grandes régions.
Jour 1 : Les grands principes de la Sylviculture Mélangée à Couvert Continu (SMCC)
La matinée, en salle à Auberive (Haute-Marne) – centre de la Forêt irrégulière école, a permis d’aborder, dans un premier temps, l’historique de cette sylviculture, ses objectifs et les moyens pour y arriver. Dans un second temps, la présentation des particularités des plateaux calcaires a été l’occasion de contextualiser les peuplements qui allaient être vus dans la suite de la formation.
Un des objectifs de la formation était de montrer différentes images de forêts gérées à couvert continu. L’après-midi a donc été dédiée à la visite de trois peuplements (feuillus et résineux) de la forêt de Chamberceau (Côte d’Or), gérée avec un couvert continu depuis 30 années par Roland Susse, expert forestier.
Les échanges ont été nombreux avec le représentant du gestionnaire, Jean-Baptiste Susse, expert forestier et ont permis d’aborder des principes importants tels que la sylviculture d’arbres, la régénération en tant que conséquence de la gestion, la commercialisation des coupes et l’intérêt du suivi.
Jour 2 : Le martelage
Le martelage, c’est-à-dire le choix des arbres à prélever, est un moment crucial d’une gestion à couvert continu. Se basant sur les dynamiques naturelles, l’objectif est de favoriser les arbres de qualité. Pour cela, une connaissance fine de l’autécologie (réactions des arbres à leur environnement) et de la synécologie (interactions des arbres entre eux) sont nécessaires.
La journée dédiée au martelage s’est déroulée sur le marteloscope de la commune de Vivey (Haute-Marne) et les participants ont pu bénéficier de l’expérience de Jean-Jacques Boutteaux, gestionnaire ONF, qui a un recul de plus de 25 ans en SMCC.
Un marteloscope est un outil pédagogique qui permet de simuler un martelage. C’est un hectare de forêts, où tous les arbres sont géolocalisés et précisément connus (essence, diamètre, hauteur, qualité, présence de micro-habitats). Les participants, répartis en groupe de 3-4 personnes, doivent noter les arbres qu’ils souhaitent enlever et pour quelles raisons (amélioration au profit d’un arbre de meilleure qualité, sanitaire, permettre le développement d’une perche d’avenir, etc). L’analyse de leurs choix est réalisée dans la foulée, ce qui permet de discuter des conséquences des martelages et des caractéristiques du volume prélevé : quantité, qualité des bois, essences, catégories de diamètre, valeur commerciale, etc.
Jour 3 : Les travaux sylvicoles
Les travaux sylvicoles sont une étape indissociable de la gestion forestière. En SMCC, ils sont ciblés sur des semis que l’on considère utiles, c’est-à-dire qui ont un avenir de production et un intérêt pour le renouvellement compte tenu du peuplement autour.
La matinée, en salle, a été l’occasion d’aborder la théorie des travaux sylvicoles (critères de décision) ainsi qu’un focus sur les changements climatiques et leurs conséquences au niveau des stations forestières sur le long terme.
L’après-midi, Christophe Pichery, expert forestier et vice-président de l’Association Futaie Irrégulière, a permis de passer de la théorie à la pratique, en parlant du moment où les travaux deviennent nécessaires, des étapes d’un diagnostic, des différents types de travaux, des différents stades et du matériel nécessaire. Son intervention a permis d’insister sur le préalable à tout travaux en irrégulier : connaître les caractéristiques du peuplement (capital, structure, composition). Par exemple, des travaux dans des chênaies avec une surface terrière de 25 m²/ha sont inutiles : la lumière n’est simplement pas suffisante pour le développement pérenne d’un semi.
Christophe Pichery a fait une démonstration d’annélation qui est systématiquement réfléchie en fonction de la course du soleil.
Jour 4 : Le suivi
Le suivi des conséquences de la sylviculture est indispensable pour s’adapter et rectifier le tir si les résultats ne sont pas ceux attendus.
Plusieurs types de suivis sont possibles par inventaires en plein, statistiques, typologique, inventaire de ce qui est rare dans la forêt lors des martelages, etc. Tout dépend des questions que le propriétaire se pose et de l’investissement qu’il souhaite y mettre.
La matinée a été consacrée à la pratique d’un exemple de suivi par placettes permanentes. Les stagiaires ont pu mesurer un certain nombre de données qui sont prises tous les 10 ans, telles que le diamètre des arbres, la quantité de semis par catégories de hauteur ainsi que les caractéristiques des arbres morts.
Pour illustrer l’utilité de la prise de ces informations, les résultats des 3 inventaires des placettes permanentes du Syndicat Intercommunal de Gestion Forestière de la Région d’Auberive (SIGFRA) ont été présentés. Ils permettent notamment de voir l’évolution du capital, de la structure, de la composition et de la valeur commerciale de la forêt.
Durant l’après-midi, en salle, Marie-Laure Martin de l’Association Futaie Irrégulière (AFI) a présenté la structure AFI, son réseau de parcelles de références et les résultats des derniers inventaires. Finalement, le CNPF a synthétisé les échanges des 4 jours en actions concrètes à faire de retour chez soi.
Cette formation a reçu de nombreux avis positifs de la part des stagiaires, tant en termes de contenu, de qualité des interventions, de variétés d’images vues, que du format (4 jours en deux fois, séparés de deux semaines). De plus, c’est un exemple d’une belle réussite de coopération entre deux délégations régionales du CNPF, facilitée par les sites pédagogiques de la Forêt irrégulière école (FIE) présents sur les deux régions. FIE propose plusieurs modules de formations pour différents types de publics.
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